Un temps de chien
Je marche sur le trottoir froid de janvier. La neige craque sous mes pas pesants.
Ma tête est nue. J’aurais mieux fait de la couvrir.
Il fait particulièrement froid cette nuit. J’ose sortir ma main droite de ma mitaine pour consulter ma montre : il est 1h58. J’accélère la cadence.
Il se pointe habituellement à 2h. J’approche du parc et relève mon foulard sur mes oreilles gelées.
En cinq nuits, c’est la première fois que le froid me fait autant souffrir. Encore cette fois, j’espère que Miro ne s’est pas rendu compte de mon escapade nocturne. Il dormait quand je suis partie.
Le temps glacial me fait tousser.
J’arrive enfin au point de rencontre.
Je m’installe sous le module de bois et j’attends.
Il est 2h pile.
Il ne tardera pas à arriver. Je suis nerveuse. Je sens mon cœur battre dans mes tempes.
J’observe mon souffle inégal.
Mon foulard s’obstine à redescendre dans mon cou.
Même si l’on se voit ici religieusement depuis lundi, on ne se connaît pas vraiment…
Je sens l’incertitude qui me glace les sens.
Je ne sais jamais s’il va venir.
J’ai toutefois vraiment hâte de le voir, sans savoir si ce sentiment est réciproque.
Il est en retard.
Je pense retourner chez moi. Après tout, je ne lui dois rien.
Je déteste attendre.
De plus, j’ai une famille moi.
Ma famille qui dort paisiblement pendant que je me sauve en cachette la nuit.
Et Miro…
Je sais qu’il m’est fidèle lui…
J’ai des remords soudainement.
Tout au loin, je le vois qui arrive. Il s’avance vers moi d’un pas feutré.
Je me surprends à sourire.
Il est beau.
J’ignore son nom, mais je pourrais le reconnaître parmi mille paires d’yeux.
Il semble fatigué, épuisé même; normal à cette heure de la nuit.
Il sera sûrement heureux de ce que je vais lui offrir : une petite escapade hors de son quotidien de merde.
Je crois deviner qu’il est content de me voir.
Il s’approche doucement de moi… me frôle de tout son corps.
La peur se mêle à l’excitation.
Jamais un tel regard ne s’est posé sur moi, même pas celui de Miro pour qui je suis tout.
Je m’assois sur un banc tout près.
Le banc est froid.
Je caresse timidement son dos.
Il s’approche encore plus.
Je sors alors les vivres de mon sac à dos : un bol, de la moulée et du lait, qui a commencé à geler. Il semble impatient de manger.
Après avoir vidé goulument le bol, il prend quelques minutes pour me renifler.
Je caresse ses oreilles. Son poil est doux. Il pose sa tête sur mes genoux et se laisse caresser, puis il me regarde du coin de l’œil et reprend sa route.
Il ne tourne pas la tête pour me regarder une dernière fois.
À demain mon loup.
lundi 24 novembre 2008
une nouvelle
Publié par Stéphanie (Biloutipou pour les intimes) à 21:47
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